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ATELIER FRANCAIS DE MEDECINE GENERALE

EDITORIAL N° 75 Troubles de la sexualité fémine

7 Mar 2020 3:15 PM | Benoît Raynal (Administrator)

De plus en plus souvent, les discussions sont empreintes de conceptualisation à partir du cas et nous laissons alors ces éléments à la place où ils ont surgi. La partie « éléments théoriques » proprement dits de la revue est donc consacrée soit aux approfondissements de ces éléments apparus au fil de la discussion, soit à des élaborations à posteriori, des liens nouveaux ou des idées fortes.

Comme souvent, un cas éclaire l’autre et c’est en écoutant la discussion de l’un qu’on trouve une hypothèse en réponse à une question restée sans réponse pour le cas précédent.

Les symptômes, tels que maux de ventre ou vaginisme sont présents mais ce qui est le plus notable, c’est cette sensation que certaines femmes sont bloquées depuis des traumatismes liés à la sexualité, même ou surtout lorsqu’elles n’ont pas conscience que ces évènements ont eu un impact sur elles. L’effet d’après-coup est présent plusieurs fois, telle cette femme qui a un début de vie adulte apparemment normal et dont la vie se défait progressivement après de nouveaux évènements de vie délétères.

L’abord de la sexualité est encore loin d’être aisé. Parfois c’est la pudeur partagée qui fait résistance, d’autre fois c’est l’évidence apparente qui manque d’être interrogée. A noter cette patiente qui a livré des faits traumatisants assez récemment qu’elle avait précédemment effleurés. Entre temps, l’auteur avait repéré ce flou grâce à une première discussion du cas dans un séminaire précédent.

Le dépistage des violences rencontre la résistance des patientes, en particulier lorsque le traumatisme a produit un clivage qui s’est figé dans le temps, mais les médecins ne sont pas en reste avec l’impensable, parfois soutenu par les meilleures intentions de leur inconscient sur l’interdit de l’inceste par exemple. La certitude que les patientes bénéficient de l’accueil de leur secret ne suffit pas à effacer la crainte de ne pas être à la hauteur de leur confiance. Les médecins sont étonnés et même déstabilisés par la certitude apparente des patientes qu’ils ont les réponses aux questions qu’elles se posent, en particulier sur la normalité de ce qui leur arrive.

Plusieurs discussions ont mis en évidence une proximité particulière qui a pu modifier la relation, la patiente qui est la sœur de, la patiente qui a le même prénom que... Il semble alors plus difficile d’évoquer la sexualité ou l’abus. Le risque d’identification et de projection complique lui aussi la relation.

Nous ne pensions pas avoir l’occasion d’aborder les concepts balintiens de délinquance institutionnelle. Une maladie génétique touchant à la génitalité peut conduire une enfant à subir une maltraitance répétée avec des répercussions graves sur la construction de sa personnalité.

Annie  Catu-Pinault

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