Louis Velluet
Voici maintenant plus de dix ans qu'existe « l'Atelier ». Il n'est pas inutile de parler de ceux qui l'ont fait et du travail qu'ils ont concrétisé à travers lui.
Beaucoup s'y sont retrouvés parce que leur trajectoire était depuis longtemps commune, sans qu'ils s'en doutent.
Bien avant 1979, « les gens de l'Atelier » étaient présents partout où la Médecine de Famille naissait sous de multiples formes :
Quand se concevait, dans la difficulté, la définition européenne de notre discipline, au cours des années 70.
Quand se fondaient les premiers groupes de Formation Continue homogènes.
Quand se déposaient les premiers statuts de Sociétés Médicales purement généralistes.
Quand se donnaient les premiers enseignements spécifiques en Faculté.
Quand s'écrivaient les premiers textes de Médecine de Famille (et nous parierons volontiers que les gens de l'Atelier ne sont pas loin d'avoir été les premiers en écrire).
Ils ont ainsi beaucoup travaillé, beaucoup écrit avant de se retrouver et après s'être trouvés.
Souvent imités, rarement cités, ils ont continué sans se décourager. La plupart du temps dans le silence car la nature humaine étant ce qu'elle est, certains autres ont passé plus de temps à tenter de d'occulter leurs réalisations ou à tenter de les copier, qu'à développer leurs propres recherches.
Qu'importe, laissons cela pour aller à l'essentiel : si la Médecine de Famille commence à exister, c'est pour une grande part aux gens de l'Atelier qu'elle le doit, si l'Atelier continue à exister, c'est pour rester le lieu où chacun qui entame une réflexion originale sur sa pratique pourra venir s'exprimer.
Les gens de l'Atelier, c'est vous, c'est moi, ce sont tous ceux qui se reconnaissent et se reconnaîtront comme médecins de famille.
Mais le temps qui s'écoule amène aussi son lot de tristesse : parmi les gens de l'Atelier, il y a ceux qui nous quittent malgré eux. Il est impossible d'écrire ce rappel du passé et cet appel à l'avenir sans nous arrêter un instant sur les pertes cruelles que les dernières semaines sont venues nous infliger.
Pierre Guicheney, membre fondateur de l'Atelier restera dans notre mémoire comme le passionné qui nous aidait de toute sa science et de tout son dynamisme à théoriser notre spécialité.
Immobilisé en pleine action, Alain Métrop, tout aussi passionné, nous apportait sa fougue et ses improvisations foisonnantes ; il nous laisse provisoirement, nous l'espérons, continuer sans lui.
L'un et l'autre, à l'extrémité des âges, grands médecins de famille, ont contribué à faire de l'Atelier ce qu'il est.