Il faut bien reconnaître que le monde médical est, par certains côtés, celui des faux - semblants :
Un discours très conventionnel tend à rassembler sous la même manière une infinité de savoirs et de pratiques dont le seul point commun est d'être e xercés par des individus porteurs du label de Docteur en Médecine.
Quelle distance pourtant entre l'exercice d'un chirurgien cardiaque, celui d’un médecin du travail, d'un biologiste ou d'un psychanalyste... Leur seul caractère commun est de disposer, à des degrés et dans des domaines différents, du pouvoir de modifier la vie physique, psychologique ou sociale de leurs concitoyens (encore n'est -ce même pas vrai pour les biologistes).
Cette fiction de l'identité hante également l'esprit de beaucoup de méde cins généralistes qui cherchent sans espoir à concilier la disparité des dons, des aptitudes et des intérêts de ceux qui pratiquent sous cette étiquette. Quoi de commun pourtant entre celui qui souhaite s'en tenir à la médecine technique et celui qui se forme à la psychothérapie. L'acupuncteur et le praticien de campagne qui accouche encore ses patientes peuvent-ils être réellement comparés ?
La recherche de l'identité répond sans doute à un besoin de contrôle et de réassurance. Soyons certains que si tous les médecins -- et même les princes qui nous enseignent -- étaient si assurés de leurs connaissances et de leurs techniques, ils accepteraient plus facilement d'entériner l'originalité de certaines pratiques.
Ici ce n'est plus le faux-semblant qu'il s'agit mais de double langage. S'il existe des aspects caractéristiques, définissables scientifiquement, de la pratique de Médecin de Famille, tous ceux qui se disent généralistes ne les vivent pas et ne les pratiquent pas quotidiennement.
Si par ailleurs les spécialistes hospitalo-universitaires ne manquent pas de proclamer en public l'unicité des pratiques et la connaissance qu'ils ont de notre métier (« je connais bien la médecine générale et j'ai remplacé un médecin de campagne pendant quinze jours pendant mon internat »), ils n'en sont pas moins fort dépourvus lorsque se discutent devant eux quelques définitions de base.
La Médecine en général, et la Médecine Générale en particulier, se présentent donc comme une mosaïque de pratiques hétérogènes qu'il devient de plus en plus difficile de relier par des caractères communs. C'est pourquoi, puisque se rencontrent, depuis bientôt dix années, bon nombre de ceux qui l'enseignent, il a paru intéressant de choisir pour thème du VIIIème Séminaire de Pédagogie : la différence.
On verra, lisant ce numéro, que ce n'était pas superflu.
L'Atelier.