Il aura fallu arriver au treizième « Atelier » pour qu'une de nos préoccupations premières laisse apparaître son nom. Il est en effet un aspect de l'exercice quotidien qui reste encore mal étudié en dépit, ou peut-être en raison, de la diffusion des théories et pratiques psychanalytiques, qu'elles soient orthodoxes, lacaniennes ou qu'elles se veulent moins formelles comme le mouvement Balint. Nous voulons parler de la psychothérapie spécifique du médecin généraliste.
Il est vrai que parmi les tendances citées, les effets de maîtrise aidant, bien peu a été fait pour laisser la parole aux praticiens eux-mêmes jusqu'à ce jour. C'est ce que propose de faire ce numéro dans lequel nous présentons trois réflexions différentes et complémentaires sur ce thème et un essai pédagogique original.
Une fois rappelées par Louis Velluet, quelques définitions, essai de délimitation préalable du cadre théorique de notre sujet, c'est à Anne-Marie Reynolds que revient la tâche difficile de décrire, à partir de la clinique, les moments et les moyens de la psychothérapie du praticien.
Michel About, quant à lui, s'intéresse à l'ouverture de l'espace verbal dans la consultation, espace thérapeutique qui permet d'importants remaniements chez le patient.
Jean-Pierre Rageau enfin à rassemblé au profit des jeunes et moins jeunes les éléments de son expérience personnelle dans un travail réalisé pour l'U.F.R. de Bobigny, qui tente de concilier les exigences de la formation initiale et celles de la formation continue. « La psychothérapie de soutien en médecine générale » est son titre.
Le terme de soutien qui a pour certains une connotation déplaisante doit être pris comme l'exacte traduction du mot anglais holding, utilisé par D.W.Winnicot. Référence est ainsi faite à un aménagement de la relation qui permet au patient de mener à bien, en sécurité, une remise en équilibre physique et psychique nécessaire.
Ce soutien s'appuie, en Médecine Générale, sur un mode de transfert particulier, non limité dans le temps, accepté par le médecin, basé sur des éléments de réalité et, la plupart du temps, non interprété.
Ces particularités, qui, dans les cas favorables, donnent au médecin dans les projections des patients le caractère d'une image parentale stable, suscitent des identifications pouvant modifier à terme leurs comportements devant la maladie.
L'efficacité du praticien dépendra, de son aptitude à comprendre les transferts, leurs utilisations thérapeutiques possibles et leurs modifications éventuelles au cours des années (à commencer bien entendu par celles qui concernent ses propres réactions transférentielles).
Ce bref regard jeté sur le sommaire de ce numéro permettra, nous l'espérons, d'aborder les textes qu'il contient plus facilement en ne perdant pas de vue qu'il s'agit là d'un des sujets les plus difficiles à traiter qui soit, sujet qui concerne non seulement l'efficacité mais l'existence même de la médecine générale.
L'ATELIER