Depuis une dizaine d'années, un petit nombre de généralistes-enseignants de la région parisienne ont pour habitude de se retrouver chaque mois pour réfléchir ensemble à leur spécificité clinique et pédagogique.
Certains ont eu un jour l'envie d'ouvrir le groupe à une expérience plus étendue que celle des quelques-uns qui se retrouvaient régulièrement. C'est ainsi qu'ils ont été amenés à proposer un Atelier de Recherche sur la Médecine Générale ouvert bien entendu à tous ceux, généralistes, qui auraient envie de réfléchir à leur profession, mais aussi à ceux, non généralistes, qui s'intéressaient éventuellement à ce qui concerne cette profession.
C'est ainsi que le 10 juin 1979 se réunissait le premier Conseil d’Administration provisoire de l’A.F.M.G.
Il était composé de sept membres fondateurs.
Dès le mois d'octobre suivant un groupe de confrères se réunissait autour de quelques-uns venus communiquer leurs travaux originaux, dont la « lettre d'information n°1 » a rendu compte par la suite.
Depuis l'Atelier continue à fonctionner régulièrement chaque année :
-- le premier week-end d’octobre pour les Journées de Communication ;
-- le premier week-end de mars pour le Séminaire de Pédagogie.
La lettre d'information du début est devenue un « bulletin », actuellement bi-annuel.
L'Atelier est en effet resté ce qu'il se proposait d'être : un large groupe de travail où chacun s'implique comme il le souhaite :
-- en communiquant ses réflexions et observations aux Journées d'octobre ;
-- en participant à la discussion qui suit ces prestations ;
-- et, pour ceux concernés ou intéressés par l'enseignement de la Médecine Générale, en se retrouvant pour le Séminaire de Pédagogie, tandis que, chaque mois, le petit groupe continue à se réunir régulièrement.
Il semble même que celui-ci puisse s’enrichir encore actuellement de la participation spontanément envisagée de quelques amis provinciaux (en fonction des thèmes traités), ce que tous les autres participants souhaitent vivement et ne manquent pas d’apprécier à sa juste valeur.
Mais pourquoi un bilan à la fin de cette sixième année de fonctionnement plutôt qu’après cinq ou dix ans?
Parce que nous avons l'impression que le groupe de recheche-formation que souhaitaient voir naître ses promoteurs est devenu une réalité effective, fonctionnant comme telle de façon autonome et selon sa dynamique propre, après une période de mise en route nécessaire, et que l'on commence à pouvoir faire état des résultats d'un travail qui ne peut s'apprécier que par un coup d'œil rétrospectif. Ce travail continue d'ailleurs à progresser d'une rencontre à l'autre en dépit d'une absence (volontaire) de sollicitations répétitives souvent dénoncée comme frustrante par certains. Pourtant, si elle est de fait liée pour une part à l'absence d’une logistique solidement établie et organisée1, elle apparaît à d'autres comme un élément très favorable (pour ne pas dire indispensable) au libre développement de la créativité du groupe mis ainsi à l'abri des contraintes extrinsèques.
De quoi s'agit-il ?
D'entreprendre une recherche non plus seulement, ou surtout, à partir d'un savoir médical préalablement élaboré par d'autres et envisagé comme irréfutable, voire même indiscutable, mais centré sur une libre observation de son activité par le Généraliste dans un premier temps, et confrontée ensuite en groupe à celle de ses collègues.
C’est autour de cet axe de fonctionnent les « Journées Annuelles de Communication » et les Ateliers de Pédagogie dits « de printemps ».
C'est donc à partir de ce contexte original que se sont dégagés quelques aspects fondamentaux de la pathologie observée par le généraliste débordant ceux de la pathologie réduite aux seuls individus. Par exemple :
-- ceux de la pathologie liée au couple ;
-- au groupe familial ;
-- ou même au groupe social plus large ;
-- ou encore un groupe de patients déterminé.
On peut remarquer que ce travail a été possible à partir de la prise en compte de la personne malade au même titre que celle de « la » pathologie dans l'étude de la clinique généraliste. Cependant, l'Atelier n'est pas pour autant un groupe de formation psychologique, ni même un groupe de formation générale en première intention, encore que l’un et l’autre soient des effets latéraux indissociables de la recherche telle qu'elle s'y effectue. La diversité des formations préalables des participants, plus nombreux chaque année depuis que l'Atelier est sorti de sa période de mise en route initiale, témoigne d'ailleurs en ce sens.
Mais le travail est tout juste ébauché et il reste encore beaucoup à découvrir et surtout à mettre en forme ; on se trouve là confronté au problème du Médecin Généraliste qui n'a pas été formé jusqu'à présent à ce genre d’exercice. En outre, la nature même de son activité accumule les obstacles à la réalisation. C'est pourquoi il nous a paru utile de créer un lieu exclusivement réservé à un travail commun destiné à essayer de surmonter toutes ces difficultés. Il semble que l'on puisse, pour l'instant, être satisfait au moins du travail préliminaire accompli, et de ses développements actuels.
A.M. R.
1 L’Atelier fonctionne grâce à un minimum de moyens : secrétariat à temps partiel, des locaux aimablement mis à sa disposition par les laboratoires pharmaceutiques et l’apport financier constitué par les cotisations de ses membres et participants.