Log in


ATELIER FRANCAIS DE MEDECINE GENERALE

Réflexion sur le séminaire 1980 -- 1981

2 Nov 2018 8:37 PM | Benoît Raynal (Administrator)

Anne-Marie REYNOLDS
le renouveau de la médecine de famille doit beaucoup à l'action persévérance est déterminée d’Anne-Marie REYNOLDS.
Tant en France que l'étranger, on commence à mesurer l'importance du travail effectué par elle depuis le début des années 70.
Définition européenne de la médecine générale, réflexion sur la pédagogie spécifique utilisable par le médecin généraliste, création de l'atelier, autant d'étapes successives auquelles elle à  participe de façon décisive.
Elle nous livre ici, au fil de la plume, quelques réflexions sur nos propres activités.
           La qualité des participants à ces séminaire à créé un espace de travail d'une dimension nouvelle, où tout ou presque reste encore défricher.
    La richesse quelque peu “ submergeante ” des débats de ces journées trop courtes et, en même temps peut-être trop denses, à pu parfois laisser une impression confuse. En fait, loin d'être péjorative, cette impression immédiate est à la mesure même de notre projet de recherche.
    Nous savons que l'enseignement de la Médecine Générale à l'université peut prendre petit à petit un aspect ordonné, parfaitement structuré et intégré, quelques années après son introduction à son adaptation à ce lieu nouveau, qui s'était petit à petit éloigné de lui jusqu'à lui être devenu presque complètement étranger aujourd'hui.
    Mais cette adaptation et cette structuration apparemment satisfaisantes ne sont faciles à réaliser que dans la mesure où l'on évacue la vie même qui est le propre de notre fonction. Or, c'est cette “ vie ” qui détermine notre comportement thérapeutique.
    Il nous importe donc d’essayer d'atteindre l'objectif difficile de la réintroduire, intégrée à notre enseignement, et de rechercher à partir des expériences des un des autres, les meilleures façons d'y parvenir les écueils à éviter.
    Qui dit vie, dit mouvement, changement, et, pour en rendre compte, un enseignement de caractère traditionnel actuel nous semble inefficace.
    Avons-nous raison ?
    Comment réussir à faire participer au maximum les futurs généralistes à cette vie qui nous est propre, et qui détermine nos comportements ?
    Le malade entre à l'hôpital (donc à l'université), porteurs démarquent d'une “ condition sociale ” évidente, amenant même parfois celle-ci à être surestimée. “ Untel fait tel métier, dont il boit... ” Mais l'environnement socio-affectif personnel, proche ou moins proche, du patient n'est pas évident, ni facile à reconnaître lorsque celui-ci est isolé de son milieu habituel. Il suffit d’être consultant alternativement à l’hôpital e “ chez soi ” pour s’en rendre compte.
    Pourtant, la connaissance de cet environnement est la seule voie d'accès du médecin à la personnalité du patient, à la compréhension de ce qu'il éprouve et de la façon non il se comporte. C'est, en retour, pour le médecin la seule manière d'acquérir un comportement thérapeutique. C'est donc à ce niveau qu'une recherche fondamentale doit être entreprise par des équipes de Généralistes.
Enseignement du Médecin Généraliste à l'hôpital.
    Pour donner une idée de l'ampleur de la tache à entreprendre, nous nous contenterons de résumer le travail d'un groupe qui s'est penché sur quelques expériences d'enseignement par les généralistes à l'hôpital[1].
    Il est apparu que les Médecins Généralistes ne sont introduits dans les services hospitaliers qu'à la faveur d'une relation personnelle privilégiée avec le Chef de Service.
    Cette remarque est importante. Elle explique la raison pour laquelle les participants concernés ont pu :
    -- faire expérience librement au départ,
    -- évoluer selon leurs résultats, allant éventuellement jusqu'à repartir sur un nouveau mode, en cas d'échec.
    On peut donc d'emblée conclure que la seule chance de faire quelque chose de durable à l'hôpital est d'avoir, a priori, la confiance du Chef de Service. En effet, les obstacles sont parfois importants. Une expérience de groupe hétérogène réunissant tous les soignants, médecins ou étudiants, volontaires, y compris le chef de service (endocrinologue), a été définitivement bloqué par l'attitude rigide et résolument “ organiciste ” de... l'interne. Ce groupe fonctionnait selon la méthode des cas. L'animateur Généraliste et le Chef de Service avait une expérience de Groupe Balint. Le co-animateur était spécialiste (rhumatologue). Il n'a pas pu continuer.
        Actuellement, le Médecin Généraliste voit les malades seul dans un premier temps. Dans un deuxième temps, il organise un groupe de discussion à leur sujet avec les externes intéressés.
        Il envisage très prochainement d'inviter à se joindre ce groupe tous les personnels concernés par les soins aux malades examinés : infirmières, femmes de service, et même le médecin traitant, si le chef de service de son accord.
        Un autre participant entretenant également des rapports amicaux avec le chef d'un service comportant 15 externes a pu former deux ou trois groupes par an, réunissant environ six volontaires chacun, une fois par semaine.
        Prétexte :
“ Parler de son expérience au Cabinet ”. Mais, d'abord, répondre aux questions. Celles-ci sont issues le plus souvent de l'expérience hospitalière. Parfois, il a pu introduire des thèmes.
Il pense avoir contribué à apprendre aux étudiants à “ parler ” avec les malades et à induire chez eux une “ certaine curiosité ”.
        Cette expérience, malgré l'aval du chef de service, a également rencontré de grosses difficultés au niveau des internes.
        La troisième expérience est également partie d'une cooptation par un Chef de Service à l'occasion d’une recherche comportant une dimension psychologique, et en raison des relations existant préalablement entre le Chef de Service et le médecin généraliste.
        Il s'agit de groupes proposés à des étudiants volontaires, quel que soit leur année d'études appartenant service ou non. Il se forme d'eux-mêmes (auto-organisés). Ils réunissent deux à dix étudiants, selon les jours. Les malades ne sont approchés qu'après leur avoir demandé leur accord.
        Ces groupes fonctionnent au niveau d'une consultation externe.
        Ils sont “ parfaitement autonomes ”.
        Une autre forme enseignement et l'assistance régulière au staff d'une polyclinique hospitalière.
    Expérience de quatre ans.
    Les deux premières années : observation muette, faute de relation personnelle préalable avec le responsable hospitalier du staff. Petit à petit, introduction par question éventuelle, puis, progressivement, co-animation.
         Assistent au staff quelques externes (environ huit), la surveillante, d'autres médecins généralistes introduits ultérieurement et, d'emblée, co-animateurs. Le plus souvent, depuis un à deux ans, la méthode employée est la casuistique. Mais, de temps à autre, on observe un retour au cours magistral sur un sujet très hospitalo-universitaire.
        On retrouve, à travers la diversité des expériences rapportées, des points communs : la nécessité d'une “ reconnaissance ” préalable par celui qui détient l’autorité, l'intérêt souvent très vif que de ceux qui ne sont pas encore intégrés à la structure ou qui ne se situent pas dans la hiérarchie médicale (étudiants, infirmières) à l'inverse, le blocage parfois provoqué par ceux qui se sont trop bien coulés dans le moule hospitalo-universitaire (les internes).
    A partir de là, peuvent s'esquisser certains objectifs de notre recherche : l'un d'entre eux pourrait être, comme nous le disions au début, de définir les méthodes pédagogiques permettant aux Médecins Généralistes d'être au sein des institutions les témoins permanents de ce qui se passe à l'extérieur c'est-à-dire, tout simplement, de la vie.
    A.M.R.

Copyright © 2018 - Contact : braynal001 (at) gmail.com
Powered by Wild Apricot Membership Software