Ce qui est apparu le plus évident dans les discussions sur les cas présentés est la complexité et l’intrication des enjeux sous-jacents au désaccord apparent. Les notions de court terme et long terme, immédiateté et projection, instinct et élaboration se sont mêlées aux échanges.
Il apparaît ainsi que la souffrance d’un enfant résultant du désaccord violent entre ses parents met le médecin en difficulté dans ses priorités psychothérapeutiques en le faisant entrer en résonance.
Le travail de médecin généraliste en institution est particulièrement pourvoyeur de désaccords, surtout lorsqu’elles sont gérées par des bénévoles qui tiennent à garder la main sur les procédures médicales. Ici, les conséquences d’un désaccord assez rationnel en apparence prennent une dimension affective évidente suite à la résonance de la situation avec des éléments de vie du passé du médecin.
La fonction apostolique du médecin, son besoin de soigner les gens et qu’ils se conforment à la façon dont lui pense qu’ils doivent se conduire pour avoir une meilleure santé peut créer du désaccord entre médecin et patient. Heureusement, certains patients savent résister et obligent le médecin à assouplir son prosélytisme.
Le désaccord apparent est parfois un jeu relationnel entre patient et médecin pour rappeler les places de chacun. Le médecin ne s’y trompe pas mais se laisse surprendre par le changement de posture du patient. La culpabilité est le pendant de la toute puissance et empêche parfois de suivre l’évolution des besoins du patient.
Le désaccord du médecin avec lui-même apparaît parfois dès le récit du cas, l’agacement étant la face émergée d’un conflit intérieur. La face immergée est bien sûr moins accessible. Les clefs peuvent être longues à trouver, surtout lorsque la grande Histoire s’intrique avec les drames familiaux.
L’empathie disparaît parfois lorsque le besoin de régression ou de soutien du patient viennent heurter les modes de défense du médecin dans son propre rapport à la vie. L’antécédent d’abandon est peut-être ineffaçable.
L’appel à la violence peut dépasser les capacités habituelles du médecin à exprimer son désaccord. Le médecin se retrouve parfois en porte à faux dans les messages éducationnels qu’il a essayé de faire passer dans une population culturellement différente.
Exprimer le désaccord peut faire beaucoup de bien et même être salutaire tant pour le médecin, le patient que pour la relation. C’est parfois ce qui permet de passer un cap, de changer d’espace thérapeutique.
Une fois de plus, notre mode de travail a montré sa richesse et a contribué à améliorer notre thérapeutique, dans le plaisir des échanges.
ACP